Nulle religion n’a jamais conféré à une ville une importance comparable. La Mecque est en effet à la fois la cité natale du Prophète et le site de la Mosquée sacrée de la Kaaba (« cube » en arabe), vers laquelle est tournée la prière. Surtout, son pèlerinage est un des cinq piliers de l’islam, un des devoirs impératifs des croyants, dont dépend leur salut.
Pourtant, ce n’est ni La Mecque qui a fondé l’islam, ni l’islam qui a fondé La Mecque. Au contraire, avant d’en être la ville sainte, la cité-sanctuaire du Hedjaz était le cœur du paganisme arabe et a longtemps résisté au nouveau monothéisme.
Pour l’islam, le plus difficile à conquérir ne fut pas son empire de l’Inde à l’Espagne, mais bien sa ville d’origine. Autant les conquêtes du premier siècle de l’islam seront fulgurantes, autant les deux premières décennies de la prédication de Mahomet furent difficiles.
Des débuts difficiles
Cette dernière, qui commence en 610 selon la tradition musulmane, se solde d’abord par un échec. Le caractère révolutionnaire du message prophétique bute sur le conservatisme de l’élite mecquoise. Car Mahomet conteste non seulement le polythéisme, traitant ses compatriotes d’« idolâtres », mais aussi les grandes familles qui le pratiquent. « Vous n’avez aucun égard pour l’orphelin », récite ainsi dans la 89e sourate celui qui était lui-même un fils posthume. « Vous ne vous excitez pas mutuellement à nourrir le pauvre. Vous dévorez l’héritage des autres avec une avidité aveugle, et vous aimez les richesses d’un amour sans bornes. »
Pour l’islam, le plus difficile à conquérir ne fut pas son empire de l’Inde à l’Espagne, mais bien sa ville d’origine.
Le clan de Mahomet, les Hashim, n’est plus ce qu’il était du temps de Qusay, son fondateur. La Mecque est alors dominée par un autre clan de la tribu des Qoraychites, le clan Umayya. Son chef, Abou Su an ibn Harb, fut l’un des plus farouches opposants à Mahomet, d’après ses biographes.
Dans les premiers temps, les soutiens de Mahomet restèrent donc limités. Sa femme, Khadija, son jeune cousin Ali et son ami Abou Bakr se sont convertis, mais son protecteur, son oncle Abou Talib, père adoptif et chef de son clan, n’a jamais renoncé au polythéisme. La masse des recrues provient en fait des Mecquois les plus pauvres, en particulier des monothéistes pré-islamiques appelés hanif dans le Coran, qui rejetaient le culte des idoles avant même Mahomet. La mort d’Abou Talib, vers 619, expose la communauté et son fondateur à des représailles violentes, à tel point qu’une partie de ses membres se serait exilée en Abyssinie, royaume chrétien de la Corne de l’Afrique.
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July 28, 2020 at 11:00AM
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La Mecque, du sanctuaire païen au lieu le plus saint de l'islam - Le Monde
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